Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/12/2013

Chanson cosaque

Chant cosaque du groupe Бабкины внуки (Babkini vnouki)

Cliquez sur titre en russe ci-dessous pour visionner la vidéo 

Бабкины внуки

Не для меня придёт весна, 

Не для меня Дон разольётся, 
Там сердце девичье забьётся 
С восторгом чувств – не для меня. 

Не для меня цветут сады, 
В долине роща расцветает, 
Там соловей весну встречает, 
Он будет петь не для меня. 

Не для меня текут ручьи, 
Журчат алмазными струями, 
Там дева с чёрными бровями, 
Она растет не для меня. 

Не для меня придёт Пасха, 
За стол родня вся соберётся, 
"Христос воскрес" из уст польётся, 
Пасхальный день не для меня. 

Не для меня цветут цветы 
Распустит роза цвет душистый. 
Сорвешь цветок, а он завянет 
Такая жизнь не для меня 

А для меня кусок свинца, 
Он в тело белое вопьётся, 
И слезы горькие прольются. 
Такая жизнь, брат, ждёт меня.
 

Traduction française : 

Non pour moi le printemps viendra, 
Non pour moi le Don se répandra, 
Là le coeur de jeune fille se tapira 
Avec le ravissement des sentiments – non pour moi. 
  
Non pour moi fleurissent les jardins, 
Dans la vallée le bois s'épanouit, 
Là le rossignol rencontre le printemps, 
Il chantera non pour moi. 
  
Non pour moi coulent les ruisseaux, 
Gazouillent par les courants de diamant, 
Là la vierge avec les sourcils noirs, 
Elle grandit non pour moi. 
  
Non pour moi Pâques viendront, 
Pour la table la parenté tout se réunira, 
"Christ воскрес" des bouches coulera, 
Le jour de Pâques non pour moi. 
  
Non pour moi fleurissent les fleurs 
La rose congédiera la couleur odorant. 
Tu arracheras la fleur, а lui завянет 
Une telle vie non pour moi 
  
А pour moi le morceau de plomb, 
Il au corps blanc s'enfoncera, 
Et les larmes amères se répandront. 
Une telle vie, le frère, m'attend.
 

02/10/2011

Une journée à la colonie pénitenciaire

Une journée à la colonie pénitentiaire pour adolescent de Neve

Le 06 décembre 1999

Russie

              Quand le jour s'est levé sur la colonie nous étions au chaud dans le bureau du directeur. Au dehors, le site était cristallisé par le givre. Le camion garé depuis la veille devant l'entrée du bâtiment suscitait l'intérêt de tous, et brisait déjà quelque peu l'inertie installée avec l'hiver. Car ici, que peut-il se passer ? La colonie est "posée" sur une colline, à l'écart de la petite ville de Nevel. Presque un bastion isolé, un poste militaire aux confins d'un territoire désertique. Autour, c'est vide !

 

            Le directeur, un nouveau, était anxieux, inquiet de recevoir une délégation de l'Ambassade de France. Enfin , je ne sais quel raison lui fit décider, soudain, qu'il fallait visiter les lieux. Il y a l'extérieur et l'intérieur. Là, comme presque partout en Russie, les installations sont en briques et paraissent plus anciennes qu'elles ne le sont. L'extérieur, c' est le lieu de travail du personnel, c'est la chaufferie qui fonctionne au charbon, c'est l'entrepôt et c'est l'immeuble pour les familles du personnel administratif et des gardiens. Je ne peux m'empêcher de penser que les enfants du personnel vivent aussi un peu en prison. L'intérieur, c'est une grande enceinte avec un premier mur couvert de barbelés et une clôture de barbelé à 5 mètres de distance. Pour entrer, il faut franchir un sas avec des doubles portes.

            Notre visite commença par le petit bâtiment de l'infirmerie. Les quelques malades présents se mirent au garde-à-vous. Ils attendaient, assis sur les lits, sans un livre. le médecin parla de quelques cas de tuberculose qu'il ne pouvait soigner sur place. Puis, nous visitâmes l'école. Celle-ci ressemble à toutes les écoles vétustes de province. Au premier étage (à la russe) une équipe lavait le sol à genoux, serpillière à la main. Un adolescent détenu chargé de l'escalier se présenta à nous par les chaussures : sur celles-ci, nom et numéro de matricule étaient peints en blanc. Les professeurs sont des femmes motivées et chaleureuses et elles enseignent le même programme permettant de recevoir le diplôme de fin d'études secondaires. Pour aider à la réinsertion, rien n'est inscrit sur ce document quant à la peine purgé par l'adolescent. Certains "élèves" se souvenaient de la mission précédente. Beaucoup sont emprisonnés pour vols avec récidives...2, 3, 5 ans et même 9 ans pour un jeune d'une quinzaine d'année. Pour une telle peine, il ne s'agit plus de vol. Inutile de poser la question. L'histoire douloureuse de chacun pourrait se lire dans les yeux, sur le corps. Les crânes rasés permettent la lecture des coups reçus dans leur vie d'avant l'emprisonnement. Certains sont visiblement mieux ici que dans leur famille. Ils mangent à leur faim et apprennent à lire et à écrire.

            Ensuite, nous devions visiter les deux immeubles, identiques dans leur conception, où sont situés les chambres, les sanitaires et les salles de loisir. Les jeunes sont par chambrées de 30. L'espace est tellement limitée qu'il ne peut y avoir de table de chevet entre les lits. Pas d'armoire personnelle. Une pièce est équipée de grandes tringles pour y suspendre les effets civils. La télévision est présente dans de grandes salles munies de bancs. Une petite pièce où trône un samovar permet la pause thé ou café. "Les petits sachets de café et de soupe emballés par nos soins seront utiles" dit Frédérique. Je me dis aussi que les quelques livres en russe que j'ai apportés iront enrichir et renouveler le choix dans la petite bibliothèque.

            Sachez que les détenus fabriquent eux-mêmes, quotidiennement, 300 pains et participent à la cuisine collective. Un autre grand bâtiment est consacré à la formation professionnelle. Initiation à la mécanique, plomberie rudimentaire, travail du métal pour fabriquer des outils de jardinage, cordonnerie afin réparer les chaussures défaillantes.

En ce qui concerne la livraison des colis, voici ce que je peux en dire car cela s'est déroulé très vite :

 

            Ils marchèrent au pas et en cadence jusqu'à l'école. Ils se rangèrent, groupe par groupe dans le hall, sous l'oeil vigilant des gardiens. Nous distribuâmes à chacun un colis, non sans avoir précisé que malgré les différentes tailles le contenu était le même. Tout se passa très vite, mais je lisais dans les regards et dans les réactions des jeunes et des gardiens que notre opération apportait, sinon du bonheur, au moins du réconfort en cette fin d'année. J'ajouterais, pour terminer, que les jeunes semblaient correctement traités par des gardiens qui se comportaient humainement.

Irkoutsk

Pour faire passer les examens du DALF, je suis allé à Irkoutsk. J'ai logé à l'obchéjitié de l'Académie d'Economie, dans la chambre luxe...enfin, presque luxe.

Un soir, dans un café-restaurant où la patronne était aimable comme une porte de prison et la carte inutile puisqu'il n'y avait pas la moitié de ce que je voulais consommer, j'ai écrit ceci :

 

            Pourquoi les femmes d'Irkoutsk, y compris les jeunes, portent-elles des chapeaux de fourrure d'un autre âge, d'un autre temps, d'une autre époque, à mes yeux. Des chapeaux en forme de gros mollusques des mers chaudes, en forme de coquille d'escargot géant d'un monde perdu. Des mollusques en fourrure dont seule la tête serait visible. Dans "Mollusque" j'entends "molle" et tout cet ensemble mou répondrait au téléphone portable, dans la rue.

            Pourquoi est-ce que je dis que la province c'est sympathique? Il y a des restaurants à moitié vides, avec des duos, des trios de femmes seules sans homme. Il y a des faciès mongoloïdes, aux cheveux gras, affaissés par la servitude. Où est la fierté des cavaliers des steppes? Celle du chasseur Bouriate, du pisteur Nanaï ? Il y a des serveuses abruties et incultes qui ne voient pas plus loin qu'un verre de bière, et servant au son d'une musique trop forte et informe. Et toutes ces étudiantes qui déambulent dans les couloirs d'une Université linguistique sans vie?

            La sortie au Baïkal était encore pour moi l'occasion de vivre un rêve : marcher sur le lac gelé. Presque un kilomètre sur la glace. Le lac est comme une batterie qui nous délivre de l'énergie, c'est fabuleux. On s'éloigne de la berge, pour contempler la terre ferme il faut marcher sur l'eau. Celle-ci est gelée, certes, mais on marche sur l'eau. Cette énergie nous allège, nous revigore. Par la suite, la maison de repos avec le sauna et le dîner "très arrosé" est très sympathique. Mais, je rentre au foyer dans un état lamentable. Je vomis toute la nuit et je me rends à l'aéroport dans un  état délabré.

 

J'aurai eu ce privilège de me baigner dans l'eau du Baïkal.

 

C'est ainsi que j'aime la Russie