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05/04/2025

Un bortsch de papillons

Ce poème de Vélimir Khlebnikov (Голод 1921), empreint de famine et de désespoir, illustre la cruauté de la nature et la survie humaine dans un monde où les repères s’effacent. C’est une œuvre saisissante et poignante.

 

Pourquoi les élans et les lièvres bondissent-ils à travers la forêt,
S’éloignant au loin ?

Les hommes ont mangé l’écorce des trembles,
Les pousses vertes des sapins…
Femmes et enfants errent dans la forêt,
Cueillent les feuilles de bouleau
Pour la soupe, l’okrochka, le bortsch,
Les cimes des sapins et la mousse argentée –
Nourriture de la forêt.

Les enfants, éclaireurs des bois,
Vagabondent dans les bosquets,
Font griller au feu des vers blancs,
Du choux-lièvre, des chenilles grasses
Ou de grosses araignées – elles sont plus sucrées que les noix.
Ils attrapent des taupes, des lézards gris,
Tirent à l’arc sur des reptiles sifflants,
Font du pain avec la livèche.
Affamés, ils courent après les papillons :
Ils en ont rempli un sac entier,
Aujourd’hui, on fera un bortsch de papillons –
Maman le cuisinera.

Mais le lièvre, bondissant tendrement dans la forêt,
Les enfants le regardent, comme dans un rêve,
Comme une vision du monde lumineux,
Leurs grands yeux émerveillés,
Saints d’avoir faim,
Ne peuvent croire à cette vérité.
Mais il s’éloigne, vision agile,
L’oreille frémissante, ombre noire.
Une flèche s’élance à sa poursuite,
Mais trop tard – le repas copieux s’est enfui,
Et les enfants restent là, fascinés…

« Regarde, un papillon vient de passer… »
Attrape-le et cours ! Et là, un bleu !…

La forêt est sombre. Le loup est venu de loin
À l’endroit où, l’an dernier,
Il avait dévoré un agneau.
Longtemps, il tourne en rond, renifle chaque recoin,
Mais il ne reste plus rien –
L’œuvre des fourmis –, sauf un sabot sec.
Déçu, il resserre ses côtes noueuses
Et s’éclipse de la forêt.

Là-bas, il ira écraser sous sa lourde patte
Les coqs de bruyère gris et rouges,
Endormis sous la neige,
Dans un éclat de poudreuse…

Le renard, boule rousse et duveteuse,
S’est hissé sur une souche
Et songe à l’avenir…
Devenir un chien, peut-être ?
Se mettre au service des hommes ?
Des pièges sont tendus partout –
Il suffit de tomber dedans…
Non, trop dangereux.
Ils dévoreront le renard roux,
Comme ils ont mangé les chiens !

Dans le village, les chiens ne jappent plus…

Et la renarde se met à faire sa toilette,
Ses pattes duveteuses lissant son museau,
Tandis que sa queue flamboyante
Se dresse en étendard.

L’écureuil grommelle :
« Où sont passés mes noix et mes glands ? –
Les hommes les ont mangés ! »

Tout est silencieux, limpide, le soir tombe,
Dans un doux murmure,
Le pin embrasse le tremble.

Demain peut-être,
On les coupera pour le petit-déjeuner.

https://www.culture.ru/poems/18180/golod

 

20:13 Publié dans poésies | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : famine, russie, révolution

04/04/2025

Refus


podcast

Texte mis en voix et musique par l'IA SUNO

Velimir Khlebnikov

Poète russe (Tundutovo 1885 – Santalovo 1922).

Un sublime poète russe à connaître

Refus

J'aime bien mieux

Regarder les étoiles

Que signer un arrêt de mort

J'aime bien mieux

Ecouter la voix des fleurs chuchotant

C'est lui

Si par le jardin je passe

Que de voir les fusils tuer

Ceux qui veulent ma mort

Voilà pourquoi jamais

Jamais

Je ne serai celui qui gouverne.

 

Autre texte :

Quand les chevaux meurent ils soufflent,
Quand les herbes meurent elles sèchent,
Quand les soleils meurent ils s’éteignent,
Quand les gens meurent ils chantent des chansons.

 

L'Univers enfoncé

Camarades !
Vous voyez le crâne intelligent de l’univers
Et les tresses noires de la Voie lactée,
Qu’on appelle parfois la route de Batû.
Nous poserons des échelles
Jusqu’au fort des étoiles,
Nous abattrons, comme des guerriers, nos boucliers, nous enfoncerons
Les murs du crâne intelligent de l’univers,
Nous foncerons forcenés comme des fourmis dans la souche pourrie, chantant la mort, à l’assaut des leviers du cerveau,
Et nous forcerons cette poupée divine, aux yeux qui brillent la nuit,
A bouger les bras,
A lever les yeux.
Là où les rouages suintant l’huile
Meuvent le cerveau,
Où les roues, les moues –
Vous me verrez sur le cuir à rasoir
Limant la volonté première –
Prêtre de la casse et du vol,
Brisant les verrous sacrés.
Ciel et scie ! Quelle rencontre,
Quel rendez-vous au bal des mots.
Nous en ferons une poupée !
Nous la forcerons à rouler les yeux
Et même à dire papa-maman.
A l’abordage des grands leviers !
Nous ferons du ciel
Une poupée qui parle.
Enfants de la grande idée
Suivez-moi !

https://diacritik.com/2017/10/12/entretien-avec-yvan-mign...

 

 

24/12/2013

Chanson cosaque

Chant cosaque du groupe Бабкины внуки (Babkini vnouki)

Cliquez sur titre en russe ci-dessous pour visionner la vidéo 

Бабкины внуки

Не для меня придёт весна, 

Не для меня Дон разольётся, 
Там сердце девичье забьётся 
С восторгом чувств – не для меня. 

Не для меня цветут сады, 
В долине роща расцветает, 
Там соловей весну встречает, 
Он будет петь не для меня. 

Не для меня текут ручьи, 
Журчат алмазными струями, 
Там дева с чёрными бровями, 
Она растет не для меня. 

Не для меня придёт Пасха, 
За стол родня вся соберётся, 
"Христос воскрес" из уст польётся, 
Пасхальный день не для меня. 

Не для меня цветут цветы 
Распустит роза цвет душистый. 
Сорвешь цветок, а он завянет 
Такая жизнь не для меня 

А для меня кусок свинца, 
Он в тело белое вопьётся, 
И слезы горькие прольются. 
Такая жизнь, брат, ждёт меня.
 

Traduction française : 

Non pour moi le printemps viendra, 
Non pour moi le Don se répandra, 
Là le coeur de jeune fille se tapira 
Avec le ravissement des sentiments – non pour moi. 
  
Non pour moi fleurissent les jardins, 
Dans la vallée le bois s'épanouit, 
Là le rossignol rencontre le printemps, 
Il chantera non pour moi. 
  
Non pour moi coulent les ruisseaux, 
Gazouillent par les courants de diamant, 
Là la vierge avec les sourcils noirs, 
Elle grandit non pour moi. 
  
Non pour moi Pâques viendront, 
Pour la table la parenté tout se réunira, 
"Christ воскрес" des bouches coulera, 
Le jour de Pâques non pour moi. 
  
Non pour moi fleurissent les fleurs 
La rose congédiera la couleur odorant. 
Tu arracheras la fleur, а lui завянет 
Une telle vie non pour moi 
  
А pour moi le morceau de plomb, 
Il au corps blanc s'enfoncera, 
Et les larmes amères se répandront. 
Une telle vie, le frère, m'attend.
 

15/12/2013

Âges obscurs

 Danger

 

Révolution ukrainienne

Déliquescences et souffrances africaines

 

Grèves et préservation des privilèges

Inculture généralisée

Déficit de lecture

 

Montée des tensions et des violences

 

Du gavage des oies au gavage des humains

De la pollution à la suffocation

 

Un âge sombre se profile

 

Vigilance 

 

02/10/2011

L'étincelle du destin

L'étincelle du destin

Ci-devant l'éternel
L'univers précieux nous renvoyait, l'un
Vers l'autre destin
Sans rien, apparemment, de commun
Jusqu'à la rencontre
Le verbe fit que deux étincelle du divin
Se mirent à partager le même festin
Le chemin étant tracé
A l'encontre, nul ne pouvait aller
Si bien fait, que
De Samarkand à Nijni
de la Loire à la Volga
Nul obstacle
Pas même un oracle
N'eut pu interférer
Ni ralentir ce qui devait s'accentuer

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