13/06/2025
Je ne suis pas un anar de droite !
On m’a dit : « Toi, t’es un anar de droite. »
C’était censé être un compliment.
Une manière amicale de dire : « Tu penses par toi-même, tu refuses les foules, tu sens l’époque te glisser dessus sans t’y dissoudre. »
Mais non.
Je ne suis pas un anar de droite.
Ni de gauche.
Ni du centre, ni des bords.
Je suis simplement quelqu’un qui pense hors de vos catégories.
Pas parce que je me veux original.
Mais parce que j’ai essayé — sincèrement — d’y entrer. Et que j’en suis toujours ressorti plus seul, plus libre, plus lucide.
J'écoute Brassens. Je lis Céline et Bernanos. Je peux écouter Sardou, parfois.
Mais je ne leur dois pas ma pensée. Je ne suis pas une suite logique dans leur filiation.
Je suis de cette race un peu à part des hommes non récupérables.
Ceux qu’on n’embrigade pas.
Ceux qu’on ne flatte pas avec un clin d’œil idéologique.
Ceux qui, quand ils disent "je", ne parlent qu’en leur nom, sans drapeau, sans drame.
Ce n’est pas un rejet.
C’est une manière d’habiter le monde sans se laisser nommer.
16:58 Publié dans Missions, poésies | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anar, droite, inclassable, libre
Le plus dangereux des citoyens
Celui qui ne rentre nulle part
Il existe des citoyens qu’on identifie vite.
Ils sont “de gauche”, “de droite”, “modérés”, “engagés”, “progressistes”, “réacs”, “écolos”, “éveillés”, “conservateurs”.
On les range, on les catalogue, on sait comment leur parler.
Ils font masse.
Et puis il y a ceux qu’on ne classe pas.
Qui lisent entre les lignes, mais ne crient pas.
Qui n’adhèrent pas, mais écoutent.
Qui refusent le slogan, mais avancent.
Qui voient les failles sans se réjouir, les dogmes sans se soumettre, les dérives sans en faire spectacle.
Ceux-là sont les plus dangereux.
Parce qu’ils ne rentrent nulle part.
Parce qu’ils ne jouent aucun rôle.
Parce qu’ils ne cherchent ni sauveur, ni cause, ni groupe d’appartenance.
Je suis, peut-être, de ceux-là.
Pas par choix, mais par nature.
On m’a appris à réfléchir — et j’ai gardé ce défaut.
J’ai vu ce que coûtait l’intelligence dans un monde qui préfère l’adhésion.
À la tribune, je dérange.
Dans les foules, je me tais.
Sur les bulletins, je m’abstiens parfois.
Pas par paresse. Par vigilance.
Le pouvoir, quel qu’il soit, n’aime pas ceux qui pensent sans appartenir.
Il préfère les indignés bien orientés, les rebelles sous licence, les consciences groupées.
Moi, je me tiens ailleurs.
Ce n’est pas du courage.
C’est une fidélité.
À quelque chose d’antérieur à tous les récits.
À un regard qu’on ne vend pas.
Et à une solitude qu’on habite comme une haute ligne, là où l’air est plus rare, mais plus vrai.
A Minsk, le 13 juin 25
Erkin Jon - Homme libre
16:51 Publié dans Impertinences, poésies, Survie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : libre, indépendant, ni gauche, ni droite