14/06/2025
Le regard du Huron
Je rentrerai en France avec un regard lavé par l’ailleurs, non pas pour juger, mais pour observer.
Observer cliniquement, comme un médecin ausculte un corps fatigué.
Que font-ils ? Pourquoi font-ils cela ? À qui parlent-ils, et pour dire quoi ?
Est-ce utile ? Est-ce nécessaire ? Est-ce un soin, ou un symptôme de plus ?
Je regarderai les rituels, les indignations mécaniques, les slogans recyclés.
Les injonctions à la modernité, les appels à l’autorité, les discours sur l’école "refondée", "réenchantée", ou "remobilisée".
J’écouterai les mots qu’ils emploient — et surtout ceux qu’ils n’emploient plus.
Je ne serai pas dupe.
Mais je ne serai pas cynique non plus.
Simplement, je regarderai comme le Huron de Voltaire, avec cette naïveté feinte et cette lucidité acérée.
Comme un homme revenu d’un long voyage, qui voit ce que les autres ne voient plus.
Et peut-être, dans ce regard décalé, dans cette étrangeté tranquille, quelque chose pourra être dit.
Non pour condamner, mais pour comprendre.
Non pour fuir, mais pour résister autrement.
Avec calme. Avec franchise.
Avec cette liberté que donne l’exil intérieur.
Le 14 juin à Minsk
Erkin Jon - Homme libre
20:38 | Lien permanent | Commentaires (0)
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