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13/07/2025

Marché nocturne

Ah, voilà un mystère de la géographie estivale française qu’il fallait enfin oser affronter :
le stand de katanas en plein marché nocturne de bord de mer.

Oui, entre la planche à découper pyrogravée, les savons à la lavande, et le vendeur de sacs tibétains made in Taïwan, se dresse imperturbable le maître d’armes en polo Ralph Lauren contrefait, vendant ses sabres de samouraï, exposés sous néon, à côté de quelques nunchakus en mousse pour enfants — parce qu'on est là aussi pour transmettre.

Et tu te demandes, épongeant ton front moite avec un flyer de pizzéria :
"Mais QUI achète un katana à Fouras ?"

Eh bien, probablement un homme en claquettes-chaussettes, qui se sent pousser une âme de ronin charentais, et qui, après deux mojitos trop sucrés au bar de la plage, s’imagine prêt à trancher l’air salin au nom du bushidō du PMU.

C’est ça, la France de juillet-août :
– On ne lit pas Mishima, mais on achète la lame.
– On ne comprend pas bien les règles du Go, mais on repart avec un shuriken "pour les gamins".
– Et on se dit que peut-être, entre deux merguez, on méditera sous la pleine lune en découpant du melon au sabre de Tōkyō.

Parce que dans le fond, le katana de marché nocturne, c’est l’ultime fantasme du vacancier de province :
Un peu d’exotisme, un peu de violence contenue, et surtout une excuse pour dire "regarde, j’ai payé ça 30 euros, c’est un vrai, y a le certificat !"

Et le pire…
C’est qu’on l’imagine, ce type, revenu chez lui à Poitiers, le katana exposé au mur du salon, entre la photo du chien décédé et un masque africain acheté à Sète.
Il le regarde parfois, le soir, après le cassoulet, et il murmure, ému :
"Un jour, s’il le faut, je me lèverai."

"Recherche restaurant désespérément"

"Recherche restaurant désespérément"

Un soir comme tant d’autres.
L’envie soudaine de sortir.
Un petit resto sympa, sans prétention, pas trop cher, pas trop loin, pas trop gras, pas trop bondé, pas trop m’as-tu-vu.
Bref : une chimère moderne.

Je tape dans Google : "restaurant sympa ce soir dans les environs".
Je reçois 137 propositions.
La carte de France s’allume comme une guirlande de Noël sous Xanax.

D'abord, le resto français, avec nappe à carreaux et bidoche baignant dans la sauce.
Le genre d’endroit où le cuisinier confond fond brun et mazout,
et où le serveur t’explique que le magret, s’il est dur comme une semelle, c’est "parce qu’il est élevé en plein air, Monsieur."

Ensuite, le restaurant à fondue, planté fièrement à 200 mètres de la Loire.
Parce que rien ne dit "authenticité alpine" comme un caquelon au bord d’un fleuve vaseux. Le fromage industriel y bouillonne dans une ambiance de spa à raclette.
Tu ressors parfumé à l'emmental fondu jusqu’au slip.

Puis, bien sûr, le gastronomique.
Ambiance feutrée, menu en cinq syllabes, et tarif en cinq chiffres.
Le pain est tiède, la serveuse te tutoie à 120 balles le menu "Instant Végétal", et la purée de betterave te regarde dans l’assiette comme une œuvre conceptuelle.
Tu manges l’équivalent calorique d’un Tic Tac, et tu ressors avec la dalle d’un docker.

Plus loin, le faux chinois :
glutamate, nouilles surgelées, déco en bambou de chez Gifi.
Le cuisinier s'appelle Bernard et vient de Vierzon.
Mais l’enseigne s’obstine à t’annoncer "Délices d’Orient", en rouge fluo, avec un dragon pixelisé.

L’indien, lui, est aussi fade qu’un discours de Miss France.
Du poulet Tikka sans âme, du riz au safran sans safran, et un lassi tiède qui sent la salle d’attente.
C’est Gandhi, version micro-ondes.

Reste les grands temples de la cuisine asiatique, plantés en zone industrielle,
dans des ZAC, des ZAE, des ZIC, des ZEP… et probablement des ZOB, vu la gueule du parking.
Des cathédrales du buffet libre, 500 places assises,
des sushis qui brillent dans le noir, des nems à la sauce algérienne,
et un wokman qui fait plus de bruit que le métro de Shibuya.
Tu payes au poids, tu dînes au pas de course.
Le nirvana du mange-vite-et-oublie.

Et puis les autres :
Kebab, Baoab, Toubab,
bistrot vegan qui vend des graines à 19€,
food court bio tenu par des hipsters qui prononcent "houmous" avec une majuscule.

Alors je ferme mon ordi.
Je regarde mon frigo.
Je souris.
Je me fais des pâtes au chorizo.

Pas de supplément sauce, pas de supplément bruit,
pas de parking à trouver, pas de sommelier qui me dit "ce petit vin naturel est une aventure" comme si j’allais faire un trek dans les Cévennes.
Non.
Juste moi, mes pâtes,
et le chorizo — piquant, fidèle, discret.
Le vrai luxe.

21/06/2025

Celui qui ne rentre nul part

Il existe des êtres qu’on identifie vite.
Ils sont “de gauche”, “de droite”, “modérés”, “engagés”, “progressistes”, “réacs”, “écolos”, “éveillés”, “conservateurs”.
On les range, on les catalogue, on sait comment leur parler.
Ils font masse.

Et puis il y a ceux qu’on ne classe pas.
Qui lisent entre les lignes, mais ne crient pas.
Qui n’adhèrent pas, mais écoutent.
Qui refusent le slogan, mais avancent.
Qui voient les failles sans se réjouir, les dogmes sans se soumettre, les dérives sans en faire spectacle.

Ceux-là sont les plus dangereux.
Parce qu’ils ne rentrent nulle part.
Parce qu’ils ne jouent aucun rôle.
Parce qu’ils ne cherchent ni sauveur, ni cause, ni groupe d’appartenance.

Je suis, peut-être, de ceux-là.
Pas par choix, mais par nature.
On m’a appris à réfléchir — et j’ai gardé ce défaut.
J’ai vu ce que coûtait l’intelligence dans un monde qui préfère l’adhésion.

Face aux micros, je dévie.
Dans les foules, je traverse.
Devant les cases à cocher, je réfléchis longuement.
Pas par paresse. Par vigilance.

Le pouvoir, quel qu’il soit, n’aime pas ceux qui pensent sans appartenir.
Il préfère les indignés bien orientés, les rebelles sous licence, les consciences groupées.
Moi, je me tiens ailleurs.

Ce n’est pas du courage.
C’est une fidélité.
À quelque chose d’antérieur à tous les récits.
À un regard qu’on ne vend pas.
Et à une solitude qu’on habite comme une haute ligne, là où l’air est plus rare, mais plus vrai.

En juin 2025, quelque part dans ce vaste monde

Erkin Jon - Homme libre

 

 

Une idée bien peignée

L’élégance du récit collectif

Il suffit parfois d’une idée — bien façonnée, bien partagée, bien répétée — pour que tout un monde s’incline.

Elle ne demande pas à être vraie.
Il lui suffit d’être dite avec assez d’assurance, portée avec douceur par ceux qui la portent.
La conviction fait le reste.

On sait que lorsqu’une idée est répétée avec assez d’assurance et d’attention, elle finit par s’imposer comme une vérité, peu importe qu’elle soit fondée ou non. Le simple fait d’y croire intensément peut lui donner une existence propre. 

J’ai vu ces réalités naître : dans les conversations, les médias, les rassemblements, les foyers.
Elles avaient le ton de la raison, le sourire du bon sens, la politesse de l’évidence.
Il fallait les accueillir — ou du moins faire semblant.

On nous apprend très tôt :
applaudir ce qu’il faut, aimer les groupes, les rythmes, les chants, les émotions partagées.
S’étonner d’aimer autrement, c’était déjà s’exclure.

Alors, on apprend à marcher droit.
À se faire discret avec élégance.
À penser un peu à côté, mais en silence.

Plus tard, on retrouve ces mécanismes ailleurs :
dans le sérieux convenu des discours, dans les mots creux brandis comme talismans :
inclusion, progrès, urgence, ensemble.
On change le décor, mais la mise en scène persiste.

J’écris cela sans colère.
J’ai simplement cessé de croire que le groupe pense mieux que l’individu, ou que la répétition crée la vérité.

Ce n’est pas un programme, ni un manifeste.
Juste une posture : celle de l’observateur.
Pas sur une barricade — mais sur une ligne de crête.
Entre silence et parole. Entre solitude et lien.
Un lieu fragile, mais clair.

Quelque part à l’Est, ou ailleurs

Erkin Jon — Homme libre

 

23:04 Publié dans Impertinences | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guetteur, idée

01/03/2025

Get Up, Stand Up (Lève-toi, Debout)

Get Up, Stand Up (Lève-toi, Debout)

Merci Bob Marley !

(Chorus)
(Refrain)
Get up, stand up, stand up for your rights
Lève-toi, debout lève-toi pour tes droits
Get up, stand up, don't give up the fight
Lève-toi, debout n'abandonne pas le combat

Preacher man don't tell me
Prêtre ne me dit pas
Heaven is under the earth
Que le paradis est en dessous de la terre
I know you don't know
Je sais que tu ne sais pas
What life is really worth
Ce que vaut réellement la vie
It's not all thm glitters is gold
C'est bien plus que de l'or
Half the story has never been told
Une partie de l'histoire n'a jamais été racontée
So now you see the lights
Donc maintenant que tu vois la lumière
Stand up for your rights
Tu te lèves pour tes droits

(Chorus)
(Refrain)

Most people think
La plupart des gens pensent
Great good will come from the skies
Que le Bon Dieu viendra du ciel
Take away everything
Qu'il éloignera tout
And make everybody feel high
Et fera que tout le monde se sente bien
But if you know what life is worth
Mais si tu savais ce que vaut la vie
You would look for yours on earth
Tu chercherais les tiens sur la terre
And now you've seen the light
Et maintenant que tu vois la lumière
You stand up for your rights
Tu te lèves pour tes droits

(Chorus)
(Refrain)

So can't give up the fight
N'abandonne pas le combat
We're sick and tired of your ism
Nous en avons marre et sommes fatigués
And skism game
De vos jeux de cons
Die and go to heaven in Jesus' name
Pour mourir et partir au paradis de Jésus
We know when we understand
Nous savons et nous comprenons
Almighty God is a living man
Que le Dieu tout-puissant est un homme vivant
You can fool some people sometimes
Tu peux berner certaines personnes parfois
But you can't fool all the people
Mais tu ne peux pas berner tout le monde
All the time
En même temps
So now we see the light
Aussi maintenant que tu vois la lumière
Stand up for your right
Tu te bats pour tes droits

(Chorus)
(Refrain)

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18/02/2025

Les grands cimetières sous la lune, Bernanos

J'ai beaucoup aimé la Russie. J'y ai vécu et travaillé. Mais plus la Russie d'aujourd'hui, celle de Poutine et des cerveaux lessivés.

Un pamphlet de Bernanos s'applique bien à la situation actuelle. Les États-Unis en rajoute bien épaisse.

Ça vous embête de m’écouter parler si longtemps des imbéciles ? Eh bien, il m’en coûte, à moi, d’en parler ! Mais il faut d’abord que je vous persuade d’une chose : c’est que vous n’aurez pas raison des imbéciles par le fer ou par le feu. Car je répète qu’ils n’ont inventé ni le fer, ni le feu, ni les gaz mais ils utilisent parfaitement tout ce qui les dispense de penser par eux-mêmes. Ils aimeront mieux tuer que penser, voilà le malheur ! Et justement vous les fournissez de mécaniques ! La mécanique est faite pour eux. En attendant la machine à penser qu’ils attendent, qu’ils exigent, qui va venir, ils se contenteront très bien de la machine à tuer, elle leur va comme un gant. Nous avons industrialisé la guerre pour la mettre à leur portée. Elle est à leur portée, en effet.

Les grands cimetières sous la lune, Bernanos

 

Les Etats-unis ont déserté l'Ukraine

Voilà ce que j'écrivais le 28 mai 2024. Cela sonnait comme un avertissement.

Aujourd'hui c'est de l'avilissement !

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Les américains ont déserté, sacrifié l'Ukraine.

Il faut brider Zelensky pour qu'il ne s'attaque pas au territoire russe. Il ne faudrait pas que le prix du pétrole augmente au détriment des propriétaires de gros 4x4.

Ils le paieront, c'est sûr. Formulons le voeu que l'UE ne paie pas aussi la facture de la couardise, de l'attentisme, de la tergiversation, de la crainte, de la paresse, de la peur, de l'engorgement, de la confusion, de la sidération, de la bêtise, de l'inculture, de l'infantilisme, de la vulnérabilité, de l'inconsistance, de la victimisation, de l'incapacité, de l'impréparation, du manque de stratégie, de la lamentation, du manque de rêveries héroïques, de l'obsession de la bouffe et du pinard, de l'insatisfaction, de la plainte, de la forfaiture, de la soumission, de l'usurpation, du misérabilisme, de la lâcheté, de la démission, des façades, du laxisme, de l'abdication, de la faiblesse, du ramollissement, de l'auto-centrisme, du consumérisme, du ronronnement béat, de l'illusion, de l'autisme collectif, de l'aveuglement, de la compromission, de l'endormissement, de la jouissance immédiate, de la plainte, de la frilosité généralisée, de la commisération permanente, de l'empathie obligatoire, de l'aventure virtuelle, des jeux vidéo-pizza-soda, de l'assurance généralisée, de l'affliction cultivée, des tourments médiatisés, des confessions larmoyantes, de la pleurnicherie, de la facilité, de l'excuse, de l'apitoiement sur soi, du narcissisme, de la douleur mise en scène, de la surdité collective, de l'incompétence généralisée, de l'imposture victimaire, de la culture grincheuse, de la geignardise, du traumatisme, des outrages professionnels, de la judéophobie, du culte du Rambo moscovite décati...

Pleutrerie

Voilà un mot de la langue française qui s'applique particulièrement à la situation actuelle d'abandon de l'Ukraine face à la Russie poutinienne par les Etats-Unis.

* Dans l'article "PLEUTRE,, subst. masc. et adj."
I. − Subst. masc. et adj. (Homme) sans dignité et sans courage. Synon. capon (vieilli), couard, dégonflé (pop.), lâche, poltron; anton. brave, courageux, vaillant.Pleutres hypocrites qui proposaient des compromis entre le juste et l'injuste, offensant ainsi le juste dans ses droits et l'injuste dans son courage (A. France, Île ping., 1908, p.309).Le père cornélien que M. Lenormand saluait dans Fils de Personne est devenu un pleutre qui accepte d'exposer son enfant pour sauver sa peau (G. Marcel, Heure théâtr., 1959, p.52).
II. − Adj. Qui marque la lâcheté, le manque de courage. Il y a dans la soumission quelque chose de pleutre et d'ignoble (Gide, Journal, 1933, p.1173).
 
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Pleutre + CNRTL

28/05/2024

Il y a soixante ans, à Léningrad

Il y a soixante ans, à Léningrad, le poète Joseph Brodski (1940-1996) était condamné pour parasitisme à 5 ans de relégation avec travail forcé dans la région d'Arkhangelsk, sur la mer Blanche.


- Et qui a décidé que vous étiez poète?
- .../... Et qui m'a dit humain?
Extrait du sténogramme de l'audience de 1964:
- Et quelle est votre spécialité professionnelle?
- Je suis poète. Poète traducteur .
- Et qui a décidé que vous étiez poète? Qui vous a dit poète?
- Personne. (sans sollicitation) Et qui m'a dit humain?
- Et vous avez fait des études pour?
- Pour quoi?
- Pour devenir poète. Vous n'avez pas essayé d'aller à l'université, là où l’on enseigne, là où l'on apprend... .
- Je ne pensais pas que cela vînt de l'éducation .
- Et ça vient de quoi, alors?
- Je crois que... (troublé) … ça vient de Dieu.
(Audience du tribunal du district Dzerjinski, Léningrad. Premier procès de Joseph Brodski, 1964)

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Pour ceux qui lisent le russe


Судья Савельева: А вообще какая ваша специальность?
Бродский: Поэт. Поэт-переводчик.
Судья: А кто это признал, что вы поэт? Кто причислил вас к поэтам?
Бродский: Никто. (Без вызова). А кто причислил меня к роду человеческому?
Судья: А вы учились этому?
Бродский: Чему?
Судья: Чтобы быть поэтом. Не пытались кончить Вуз, где готовят... где учат...
Бродский: Я не думал, что это дается образованием.
Судья: А чем же?
Бродский: Я думаю, это... (растерянно)... от Бога...
(Заседание суда Дзержинского района города Ленинграда
Первый суд над Иосифом Бродским, 1964)

09/04/2024

"C'est compliqué"

L'extrait d'un ouvrage déjà à lire durant le confinement, il est encore valable à l'heure ou des dizaines de "spécialistes" expriment leur logorrhée d'incertitudes et de platitudes à longueur de journée sur les chaînes de désinformation !

« L’objectif et les moyens développés ici sont clairs : malmener un certain lexique français, vilipender ce dont il est à la fois le facteur et le stigmate, à savoir l’agonie du bien-dire et de l’échange réel dans une France ahurie et poltronne…»

«  C’est compliqué » est sur toutes les babines. Pour un oui, pour un non, en lieu et place d’un lexique vivant et éloquent.
Morte, la négociation épineuse : « C’est compliqué. »
Morte, la rupture déchirante : « C’est compliqué. »
Mort, le match difficile : « C’est compliqué. »
Morte, la longue procédure : « C’est compliqué. »
Morte, la perturbation météo : « C’est compliqué. »
Mort, le devis détaillé : « C’est compliqué. »
Morte, la situation dangereuse : « C’est compliqué. »
Mort, l’imbroglio juridique : « C’est compliqué. »
Mort, le déménagement lointain : « C’est compliqué. »
Morte, la grève perturbatrice : « C’est compliqué. »
Morte, l’architecture sophistiquée : « C’est compliqué. »
Mort, le menu varié : « C’est compliqué.  »Morte, la tâche ardue : « C’est compliqué. »
Morte, la structure élaborée : « C’est compliqué. »
Morte, l’explication embrouillée : « C’est compliqué. »
… »

 Loïc Madec. « Les Français malades de leurs mots. »

« © 2018, Éditions Favre SA, Lausanne