04/10/2025
Je publie une chronique "du coup" ?
« Du coup, ça ne nourrit pas »
Il est des tics de langage qui font saliver les sociolinguistes.
Le « du coup » contemporain, par exemple. Jadis austère connecteur de conséquence, il s’est mué en condiment universel de la conversation. On le saupoudre en entrée, on le ressert au milieu, on le laisse traîner au dessert.
— « J’ai pas dormi de la nuit, du coup je suis crevé. »
— « On fait une soirée ? Du coup, j’achète quoi ? »
— « Je t’écoute, du coup… »
Le « du coup » ne dit plus la conséquence, il dit la convivialité. Il remplit, relance, cimente. Comme le ketchup dans certains fast-foods, il colle plus qu’il n’assaisonne.
Mais à force de l’entendre à toutes les sauces, l’oreille fatigue. Les puristes froncent les sourcils, les pédagogues s’arrachent les cheveux, les chercheurs se frottent les mains : voilà un sujet en or pour un mémoire de sociolinguistique.
Car le « du coup » ne nourrit pas la logique… mais il nourrit les conversations.
Et les mémoires des étudiants. Et les bibliothèques universitaires.
Pas les estomacs.
Alors, du coup, il est temps d’aller faire les courses.
Erkin Jon - L'homme libre
11:55 Publié dans Diversité linguistique, Impertinences | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : du coup, sociolinguistique